DANS LE PERCHE ...
Rendre visite à une parente âgée à Mortagne au Perche ...
Pour une fois, faire des photos by night ...
L'église vue sous un angle peu habituel ...
Il y a dans cette ville de beaux hôtels particuliers ...
Ici se trouve l'hôtel restaurant, le Tribunal, bien connu des normands ...
Tout prend une autre dimension, la nuit ...
Voici la vue depuis La Petite Boulairie, à Nocé, où ma tante a habité durant quelques années ...
C'est le Manoir de Courboyer ...
Que j'ai visité quand j'étais jeune ...
Il était encore habité par Marie Estelle ...
Dernière propriétaire privée ...
En 2000 il est devenu la propriété du Parc Naturel du Perche ...
Pierre-Louis de Fontenay (1760-1854) premier propriétaire de Courboyer ...
Le manoir se visite désormais ...
On accède aux appartements par l'escalier qui se trouve dans la tour en façade ...
Il ne comporte ...
Que deux étages ... et un grenier ...
Ses fenêtres sont habillées de vitraux ...
Le coffre d'église date du XVIIème siècle ...
Dans chaque pièce du manoir ...
Il y a deux cheminées ...
Toutes différentes ...
Devant de belles boiseries, un petit oratoire de style néogothique du XIXème siècle ...
Pierre de Fontenay recommandé à Dieu par Saint Pierre ...
Huile sur toile début XVIIème ...
Dressoir néogothique du XIXème siècle destiné à la présentation de l'orfèvrerie...
Petit volet intérieur ...
Siège d'église du XVIIème siècle réservé aux dignitaires écclésiastiques ...
Lit à baldaquin fin XVIème, début XVIIème siècle ...
Au grenier sont exposés d'anciens outils ...
Dans la cheminée repose cette très grande scie ...
Utilisée par des scieurs de long ...
Un homme à chaque extremité oeuvrait pour scier les arbres de grande envergure ...
Petit échantillon des pierres ...
Et pavés anciens du Perche ...
Une ancienne bassie dissimulée dans un recoin ...
Cette belle variété de sables du Perche ...
Permet de donner aux murs de la région des couleurs variées ...
L'autel entouré de ses fresques murales ...
Dans le parc se trouve ce globe terrestre en inox ...
Dont les continents sont comme "évidés "...
Ce qui me permet de disparaitre derrière l'Afrique, le temps de la photo, tandis que Courboyer s'y reflète ...
L'heure avance et je remonte la grande allée avant de capturer une dernière image des toitures du manoir ...
J'aime les petites maisons du Perche aux jolies couleurs ...
Ou celles à colombages ...
Ou ces grandes demeures comme ici le presbytère de Préaux au Perche ...
Reste-t-il encore des maisons à rénover ?
Ici la ferme de la Bardière à Saint Martin du Vieux Bellême ...
Cette photo date de 1983 ...
Le Perche et ses vertes collines ...
Ces maisons aux noms si charmants ...
Mauque Souris ... La petite Boulairie ... La Perruche ... La Grossinière ...
Toutes les maisons que ma tante Tina a habitées...
Une rénovation contemporaine et surprenante ...
Sur la route du retour ...
M'inprégner pour sûrement une des dernières fois de ce ciel normand ...
De ces beaux édifices que j'aime tant ...
Au sortir d'une frondaison, dans ce virage ...
Admirer cette belle bâtisse ocre ...
Puis quelques kilomètres plus loin, celle ci toute rose ...
Les pont et moulin Dorceau à Rémalard au Perche ...
Que serait la Normandie sans ses vaches ...
Et ses grandes allées traversant le bocage ...
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Ces quelques jours passés dans le Perche n'avaient rien de touristique...
Je l'ai dit au début, je rendais visite à une parente âgée, placée en EHPAD depuis juin dernier. Je veux ici lui dédier ces photos et ces souvenirs, elle qui n'en a plus, de souvenirs ...
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à TINA ...
Je savais que ce serait difficile de te voir et pourtant je suis venue. Il le fallait... Tout le monde dans la famille a suivi ta lente descente aux enfers. Ton corps qui vieillissait lentement (tu n'as jamais fait ton âge) donnait l'illusion que tu allais bien. Mais ton esprit s'est enfui tout doucement. Cela ressemble, au début, à de la démence sénile puis on pense à Alzheimer ou Parkinson. Mais non... Ton cerveau a commencé à être grignoté par une DFT (démence fronto temporale) la même maladie que ta soeur, ma mère, avait. Tu nous disais que tu allais bien et que jamais, au grand jamais, tu n'irais en maison de retraite. Ton fils unique a cherché des solutions, te laissant chez toi le plus longtemps possible. Tu as failli mettre le feu à ta maison, oubliant une casserole de lentilles sur la gazinière. Tu partais de chez toi pour te perdre dans le village... Jusqu'à ce jour de juin où un gendarme a appelé ton fils dans l'Aveyron pour lui demander ton adresse... Le placement d'office fut prononcé. Tu es devenue vilaine avec tout le monde, agressive envers ton fils et tous ceux qui s'occupaient de toi. Aujourd'hui, quand tu retrouves un peu tes esprits, tu n'admets toujours pas d'être là où tu es. A chaque visite tu crois que l'on vient te chercher Tu ne t'es toujours pas résignée... Tu te demandes ce que tu fais là. Quand je suis arrivée dans ta chambre, ton sac à mains était sur ton lit, ton béret vissé sur ta tête, prête à partir.
Tu as dit reconnaitre mes yeux derrière le masque et tu pensais que j'étais ta cousine. Non Tina, ta nièce... Je suis ta nièce. Tu dis avoir reconnu ma voix mais quand je t'ai demandé mon prénom, tu n'as pas su. Tu as prononcé d'autres prénoms que le mien. Tu as tout oublié Tina. Résister, ne surtout pas me laisser emporter par l'émotion et dans une pirouette te répondre "Perdu". Ce qui t'a fait rire... Je t'ai rapporté ta montre de chez le bijoutier et l'ai accrochée à ton poignet, tout fin, tout maigre. Tu étais toute contente. Elle t'a manqué cette montre, qui marque le temps qui passe. Tout ce que tu détestais avant ! Tu as tout oublié Tina. Te remémorer des recettes de cuisine, toi qui fut une excellente cuisinière et t'entendre me dire : "je n'y connais rien en cuisine et je suis nulle en pâtisserie". Tu as tout oublié Tina. Tout à coup tu me demandes si je ne veux pas prendre tes meubles. Que ça te ferait plaisir. Je te réponds qu'il n'y a pas de raison, ils sont chez toi. Je n'en ai pas besoin. Tu hausses les épaules et m'envoie comme un clin d'oeil. Je me demande si tu ne commences pas à comprendre quelque chose. Puis tu as voulu voir des photos et tu n'as reconnu que ton petit york qui te manque tant... Tu as confondu mon fils avec mon mari. On a ri. Moi surtout. Pour ne pas pleurer. Donner l'illusion et entrer dans ton monde.
Tu m'as avoué un secret : tu vas devenir Princesse. Tu vas épouser bientôt un homme gentil. A 88 ans... Quand donc ? Tu ne sais pas ! Et quand je t'ai demandé le prénom de ton futur prince charmant, tu as cherché un moment avant de m'avouer que tu ne savais plus. Tu as tout oublié Tina. Pas grave... Tu m'as rassurée : je serai invitée et te servirai de demoiselle d'honneur. Ben voyons... Puis, en te levant tu m'as dit : "On part quand ? Je suis prête..." Comment te dire... Pas facile d'esquiver, pas facile de te dire que moi seule vais repartir d'ici, sans toi. D'ailleurs, je devrais déjà être partie, j'ai dépassé de quinze minutes l'heure légale. Te faire croire que je suis attendue et te dire au revoir, sans bisous. Tu le comprends bien... M'éloigner et sur le pas de la porte te faire un dernier signe de la main, à bientôt Tina. T'entendre me dire : "je crois bien que je vais pleurer quand tu seras partie". Et tu commences à pleurer... Mon coeur de porcelaine se brise en mille morceaux. Mon masque éponge les larmes que je ne peux plus retenir et je fais demi-tour pour te serrer dans mes bras. Etreindre ton petit corps tout frêle, de pauvre petite fille perdue. Te dire à l'oreille que je n'ai pas le droit de t'embrasser. Qu'on fera mieux... la prochaine fois. Tu es d'accord. J'emmerde le COVID et le corps médical. Me dire que si ce virus t'emportait, tu ne verrais rien. Tu serais dans le coma. Tu ne souffrirais plus.
Je parviens à m'en aller. Suis rattrapée dans le couloir par cette femme, médecin, qui me voit bouleversée. Je craque dans son bureau. Elle envoie tout de suite une infirmière dans ta chambre. Elle me comprend, on parle un peu de toi. Elle me rassure et me dit que tu as maintenant un traitement médical qui t'apaise un peu. Qui te fait presque oublier où tu es. Que tu participes à un atelier "dessin". D'ailleurs, elle décroche du mur un coloriage que tu as fait. Elle est contente de voir que tu n'as pas débordé des lignes... C'est bien ! D'où me vient cette étrange sensation d'être devant une directrice d'école qui me parle de mon enfant ? C'est donc vrai que l'on retombe en enfance quand on vieillit ? Il me vient à l'esprit cette phrase du Général De Gaulle :
"La vieillesse... ce naufrage inéluctable..."
Mais tout de même... Il y a des bateaux qui coulent plus vite que d'autres...
Je regarde encore et encore toutes ces photos récupérées chez toi. Parce qu'il faut bien le dire, je suis venue pour aider mon cousin à vider ta maison. Cette maison où tu ne reviendras plus jamais... M'incruster dans ta vie de jeune fille, de jeune femme qui a reçu toute sa vie de sublimes lettres d'amour. C'est si touchant et en même temps si indiscret. Personne ne les détruira, elles seront bien gardées. La semaine prochaine, je vais revenir chez toi pour y récupérer tous tes meubles. Ton fils préfère me les donner, les antiquaires lui en proposant un prix si faible... Tu avais raison Tina. Je vais prendre soin de ton patrimoine et de tes souvenirs. Promis... Je vais continuer à te téléphoner Tina même quand tu me diras "je reconnais ta voix mais j'ai du mal à mettre un visage sur ton nom..." Tu as tout oublié Tina.
J'ai du mal à te voir vieille dame Tina. Je préfère garder de toi le souvenir de la starlette que tu as été. La belle gosse de la famille, celle qui m'a donné l'envie d'être une femme. Même si la photo n'est pas bonne, c'est bien toi quand même.
Tu as tout oublié Tina... Moi pas ...
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